Issus en grande majorité des migrations de travail des années 60 et 70, les Belgo-maghrébins ont subi au cours des dernières années des phénomènes de rejet et d’hostilité que l’on pensait révolus. Bien qu’ils contribuent quotidiennement au dynamisme économique, social, culturel et politique du pays, ces nouveaux citoyens vivent aujourd’hui sous la pression d’une forte stigmatisation de leurs origines. Cette conjoncture se déploie sur un fond de précarité sociale qui touche un large segment de cette communauté et qui alimente, en retour, un profond malaise identitaire.
C’est dans cet esprit que se situe la démarche des forces vives qui ont décidé de fonder à Bruxelles, au cœur de la Capitale de l’Union européenne, un Espace des cultures du Maghreb. Cette association se veut être un espace de dialogue et d’échange, de formation et d’information, de libre pensée et d’expression citoyenne. Elle ancre sa démarche dans une tradition progressiste et une filiation militante de l’histoire de l’immigration et dans la réalité multiculturelle belge et bruxelloise contemporaine.
Pour un grand nombre de personnes, le référentiel religieux musulman s’impose de plus en plus régulièrement comme un rempart, voire comme un pôle de résistance. Mais nombreux sont également ceux qui, au sein de ces communautés, plaident pour la sortie des postures défensives qui alimentent toutes les formes de communautarismes, y compris religieux.
Depuis le 11 septembre 2001, les crises internationales touchant le monde arabe et musulman se sont multipliées. Elles ont eu des répercussions profondément négatives sur le vécu des citoyens européens originaires des pays de cette région. En Belgique, les personnes d’ascendance maghrébine constituent une cible privilégiée des discours d’exclusion et des pratiques de discrimination.
L’Espace Maghrébin est un centre communautaire qui a aussi pour objectif de contribuer au rayonnement des expressions culturelles, artistiques, intellectuelles et littéraires belgo-maghrébines. Il inscrit son action dans une dynamique d’éducation permanente et de citoyenneté visant à l’éveil de consciences critiques. L’Espace est un forum ouvert à l’ensemble des acteurs sociaux aux prises avec les problématiques vécues par cette population dans l’espace public comme privé.
Considérant la problématique particulière que soulève l’intégration de l’islam dans l’espace public européen et la résurgence de l’islamophobie, l’Espace maghrébin œuvre à l’amélioration de l’image des musulmans et des cultures du Maghreb en Belgique. Dans cette démarche, l’Espace se situe à l’intérieur d’une tradition laïque et humaniste d’inspiration à la fois orientale et occidentale. Une laïcité ouverte au dialogue avec chacun, croyant ou non-croyant, mais totalement indépendante de leur autorité et toujours intransigeante sur la liberté de critique du discours religieux.
L’Espace Magh vise à la reconnaissance des identités multiples belgo-maghrébines, qu’elles soient musulmanes ou non, berbères ou non, arabophones ou non, etc. Il développe un travail pédagogique, notamment auprès de la population, des institutions et des médias, pour faire connaître cette diversité interne et combattre les représentations de cette communauté reposant sur des généralisations abusives.
L’Espace Magh défend le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes et le respect de tous les choix de vie des membres de cette communauté, ce qui inclut les droits individuels à l’autonomie et à la non contrainte et à la liberté de s’en dissocier.
Il veille à valoriser l’apport et la créativité de chacun tout en promouvant la richesse du patrimoine culturel et linguistique maghrébin.
L’Espace maghrébin se réclame de tous les combats démocratiques et d’émancipation des sociétés civiles en particulier du Maghreb qui visent un plus grand respect des droits de l’homme et de la femme, des libertés publiques, plus de justice sociale et le droit à un développement durable et équitable. Il est toutefois totalement indépendant des Etats, des gouvernements et des institutions des pays du Maghreb ou d’ailleurs.