La fête du prix des 5 continents
L’écrivain haïtien Lyonel Trouillot, membre du jury du prix des 5 continents, converse avec le trio des lauréats belges : Jean Marc Turine, Geneviève Damas et In Koli Jean Bofane. Un entretien exceptionnel mené par Jean-Claude Vantroyen.
un lauréat belge en 2018
Troisième auteur belge à recevoir ce prix, Jean Marc Turine, réalisateur de films, de fictions et de documentaires radio, producteur à France Culture, est le lauréat 2018 pour son roman La Théo des fleuves (Esperluète, 2017).
C’est l’occasion idéale pour fêter ce prix littéraire pas comme les autres, qui rassemble chaque année des ouvrages venus de tous les territoires de la francophonie et qui récompense une œuvre témoignant d’une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française.
un jury prestigieux
C’est Passa Porta qui coordonne l’un des cinq comités de lecture, répartis dans toute la francophonie et chargés d’établir la liste des dix finalistes soumis en dernière étape au jury d’auteurs.
Présidé par Paula Jacques (France-Égypte), le jury 2018 était composé de Lyonel Trouillot (Haïti), Lise Bissonnette (Canada-Québec), Ananda Devi (Maurice), Hubert Haddad (Tunisie-France), Monique Ilboudo (Burkina Faso), Vénus Khoury-Ghata (Liban), René de Obaldia (Hong-Kong), J.M. Gustave Le Clezio (Maurice), Prix Nobel de littérature, ainsi que le lauréat de l’édition 2017, Yamen Manai (Tunisie).
Romancier et poète, intellectuel engagé, acteur passionné de la scène francophone mondiale, Lyonel Trouillot est né en 1956 à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, où il vit toujours aujourd’hui. Toute son œuvre romanesque, dont Ne m’appelle pas Capitaine (2018), est publiée chez Actes Sud.
« Ne m’appelle pas Capitaine se veut le roman de l’impossible conversation entre l’un et l’autre. Les confidences du vieux et le monologue de celle qui semble être à ses propres yeux une jeunette sans profondeur prennent l’allure d’un combat entre une mémoire torturée par les déceptions amoureuses et les années de dictature et une légèreté sans empathie ni inquiétude qui n’a jamais appris qu’à consommer le monde. Pourtant, chaque fragment de récit amène l’introspection. Entre la belle Aude et le vieux Capitaine se met peut-être en place une petite victoire du langage sur ses propres limites, sur les déterminations et conditionnements qui divisent et emprisonnent. » (Lyonel TROUILLOT)
© Marc Melki
une mise à l’honneur avec les deux précédents lauréats belges
Comédienne, metteuse en scène et autrice, Geneviève Damas a écrit une quinzaine de pièces de théâtre, un recueil de nouvelles et trois romans, dont Patricia publié en 2017 chez Gallimard. Elle a obtenu le prix Rossel en 2011 et le prix des 5 continents en 2012 pour son roman Si tu passes la rivière.2
© Gallimard
Né en République Démocratique du Congo, In Koli Jean Bofane est l’auteur de Pourquoi le lion n’est plus le roi des animaux (Gallimard Jeunesse), Mathématiques congolaises (2008) et Congo Inc., le testament de Bismarck (2014, prix des 5 continents de la Francophonie 2015) et La Belle de Casa (2018), tous publiés chez Actes Sud. Il avait participé au Passa Porta Seminar sur le thème du « Lecteur » en mars 2018, en préparation au festival.
© Lionel Lecoq
Cette rencontre sera modérée par Jean-Claude Vantroyen, journaliste littéraire au Soir.
dédicaces
Lyonel Trouillot, Jean-Marc Turine, Geneviève Damas & In Koli Jean Bofane dédicaceront leurs livres à 16h00 à l’Espace Magh. Les livres seront également disponibles sur place.
Fatou Diome & François Gemenne
Ce début du 21ème siècle incite de toute évidence à réinterroger le concept de frontière. Le mur protège, il définit aussi. Comment penser cette question dans toute son ambivalence ? Le philosophe François De Smet convie la romancière Fatou Diome et le démographe François Gemenne à le faire avec lui.

© Sandrine Roudeix
protéger et définir
De tout temps, l’humain a circulé sur la planète, au gré de ses besoins, des périls à fuir, des moyens de subsistance à trouver. De tout temps aussi, l’humain, une fois sédentarisé et organisé, a eu recours à la construction de murs, de clôtures, de murailles, de barrières. Pour se protéger, mais aussi pour définir des lieux, des identités, des territoires. Le mur protège et il définit aussi.
la frontière comme objet politique
Notre époque incite à l’évidence à questionner le concept de frontières. Alors que le 20ème siècle s’était terminé sur une mise à bas des frontières et des murs, campée par l’extension du projet européen ou, de manière plus visible encore par la chute du Mur de Berlin, il est frappant de constater que la frontière a repris en ce début du 21ème siècle pleine et entière légitimité comme objet politique : on ne compte plus les hommes et les femmes politiques parvenant à se faire élire en défendant ouvertement leur volonté de construire des murs et de renforcer les frontières.
A la fin de la guerre froide a succédé une atmosphère géopolitique du « chacun pour soi » dans lequel les citoyens des pays les plus privilégiés, effrayés par le menace de dilution terroriste, estiment fondé et légitime de protéger une frontière qui fait corps avec la défense d’une identité.
un débat de haut vol
Invité par le Festival à composer un panel, François De Smet, auteur (il a récemment signé Eros Capital), philosophe et directeur de Myria (le Centre fédéral Migration), a convié Fatou Diome, femme de lettres franco-sénégalaise, dont l’œuvre (Le Ventre de l’Atlantique, Celles qui attendent, Marianne porte plainte…) explore notamment la question de l’immigration, et François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, dont les recherches portent essentiellement sur les migrations et les déplacements de population liées aux changements de l’environnement, à débattre de cette question avec lui.

© JL Wertz
dédicaces
François Gemenne & Fatou Diome dédicaceront leurs livres à 17h30 à l’Espace Magh, à la suite du programme. Des livres seront également disponibles sur place.
Tous les deux ans, au début du printemps, Bruxelles vit un long week-end au rythme de la littérature internationale grâce au Passa Porta Festival, le plus grand événement de Passa Porta, la maison des littératures de Bruxelles. À cette occasion, une centaine d’auteurs et d’artistes de premier plan, belges et étrangers, investissent la ville pour autant de moments de rencontres, d’entretiens, de débats, de lectures et de performances.
Partageant avec Passa Porta la curiosité pour les idées et le sens du dialogue, l’Espace Magh participe pour la première fois au festival. Le dimanche 31 mars, l’Espace Magh accueillera deux événements d’envergure au cœur du festival, dans le cadre d’un parcours de rencontres dispersées dans divers lieux du centre-ville (Ancienne Belgique, Palace, Beurschouwburg, La Bellone, etc). Rendez-vous à tous les amateurs de littérature !